Carnet de bord – jour 57 par STEPH (décalage de jour lie a la communication satellite)

Bonjour à tous, 
J 55 ! A partir d’aujourd’hui, nous entamons avec Alex notre record de jours d’affilés passés en mer ! 
C’est d’ailleurs le record pour tout le monde et la route n’est pas finie.
Nous nous rapprochons, coup de bras après coup de bras, de notre objectif suprême. 
Je pense à tous les efforts, les sacrifices et la préparation que nous avons dû effectuer depuis trois ans. 
Coté préparation, nous avons du travailler le physique et surtout le mental ! Celui qui peut aussi parfois nous jouer des tours dans un sens comme dans l’autre. 
Se préparer mentalement , c’est la capacité à contrôler ce qui est maitrisable en apprenant à mieux se connaître et à mieux s’organiser.
Deux constats : 
1) les sportifs de haut niveau en général n’aiment pas l’inconnu, ils essayent de penser à tout en amont.
2) Personne au monde n’a réalisé cette traversée, donc il y a beaucoup d’inconnu. 
Je vais vous partager quelques techniques que nous avons utilisées : 
A. L’anticipation
Tout d’abord avant de se lancer dans ce grand projet nous nous sommes lancés dans un exercice très interessant : 
Un papier et un crayon plus tard, nous avons fait un tableau avec 3 colonnes : 
– craintes / Risques 
– Evaluation
– Solutions
Toujours se rappeler l’objectif : Traverser le pacifique sud entre Lima et Moorea en relais en paddleboard ! 
Colonne 1 : nous avons listé toutes les situations qui génèrent un risque ou des craintes personnelles et/ou collectives
Colonne 2 : Nous avons évalué ce risque sur une échelle de 0 à 4 (0 ce risque ne compromet pas l’atteinte de l’objectif  – 4 l’objectif ne sera pas atteint)
Colonne 3 : nous listons toutes les solutions pour diminuer le risque ou le supprimer
je sens que je vous perds .. alors je vous donne un exemple : 
Risque/ crainte : casser la planche 
Evaluation : 4 (car nous ne pouvons pas continuer et atteindre notre objectif) 
Solutions : Solution  1 = prendre plusieurs planches – Solution 2 = prendre des kits de réparation
Si l’évènement survient, nous avons déjà la solution. 
Nous avons listé environ 450 points ! 
B. Gestion des émotions 
Nous apprenons aussi à gérer nos émotions : tout d’abord nous essayons d’identifier les émotions qui surviennent. 
La tristesse, la peur, la colère etc.. 
Ex : La peur génère une augmentation de la fréquence cardiaque et d’autres signes extérieurs. L’objectif est de rabaisser la fréquence cardiaque et d’avoir un comportement adapté à la situation et non démesuré.  La clé est la respiration. 
(la préparation mentale me permettra de comprendre pourquoi ces émotions)
Images ressources
Si nous sommes tristes, nous avons une bibliothèque d’images chacune dans notre tête : 
nos familles, nos amis, des endroits où nous aimons nous ressourcer. 
Ces images nous procurent beaucoup de sérénité de joie et de réconfort. Elles sont disponibles quand nous avons besoin. 
Garder la motivation même sur une longue durée
Quand nous partons sur une longue expédition ou un objectif à long terme, il est judicieux de découper en sous-objectif et sous-période pour éviter d’avoir des difficultés de motivation.
Exemple : au lieu de partir sur 3 mois de traversée, nous partons mentalement sur 30 jours (X 3) ou alors sur 1 semaine X12.

C. Relaxation
Nous avons des séances de relaxation enregistrées qui permettent de nous endormir rapidement. Particulièrement, après avoir ramé 1heure, le sommeil est difficile à trouver. 
D. L’après
Nous entrons également dans cette phase. L’aventure n’est pas terminée, et nous devons déjà préparer notre arrivée en utilisant l’imagerie mentale, en visualisant:
  • Comment j’aimerais que cette journée d’arrivée se passe pour moi et notre équipe.
  • Comment je vois mon retour à la « vie normale », dans une ou plusieurs semaines.
  • Comment je m’imagine dans ma vie dans plusieurs mois ou années avec tout ce que m’aura apporté cette aventure et ce partage.
Voila quelques outils que nous utilisons pour gérer notre projet. 
Nous remercions tous ceux qui nous ont aidé pour notre préparation mentale, individuellement ou collectivement, ponctuellement ou sur du long terme : 
Christian RAMOS, Jean GUIBERT, Elise OFFICIALDEGUY, Walter GEYER (mon super mari), Myriam BARNEIX, Pascal LANNES, Gisèle RUBIO, Sandrine SANCEY.
Je me souviens de cette phrase de Christian Ramos durant la traversée de l’Atlantique nord quand j’étais en difficulté « face à la roche le ruisseau l’emporte toujours, non par la force mais par la persévérance ». C’est devenu la phrase de ma vie !
Nous finissions avec beaucoup de joie ce mois de février, demain nous attaquons le dernier mois avec beaucoup de motivation. 
Une bise de Noumène et encore un grand merci à vous tous pour vos encouragements. 
Steph 

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