Carnet de bord – jour 38 par LUCE

La vie proliférait sous les coques. Elle s’en est allée… plus d’aileron ni de démon dans les eaux qui nous mènent. Voilà de quoi rassurer les rameuses , après le passage des Chinois, il semble que nous soyons seuls au monde à présent dans ce vaste et bel Océan.

A l’avant du bateau, depuis notre salon berbère, il semble être un désert ondulant. Sous cette tente improvisée et au grés des rires et discutions de pont, les dunes se mêlent à nos oscilations. Selon l’angle d’observation, on dirait le ventre de la Terre qui soupire. Mais on n’a pas à s’inquiéter, Tim nous dit que le niveau d’eau à baisser… On regarde aux jumelles la Lune, elle inspire pourtant…

Pendant que le Chili brûle et que tremble Syrie et Turquie, à bord on détresse les chevelures… Marie à des doigts de fée, une teinture dorée et l’on gagne encore quelques années…

A l’arrière, on plonge du toit, on se palme et se démasque, on cherche la bonne pointure et l’on profite surtout d’une brève accalmie pour s’essayer sur le deuxième paddle à la rame nous aussi!

Dans chacun de leurs efforts, je les veillerai différemment maintenant et avec plus d’admiration encore! Quelques minutes suffirent à m’offrir, certes, comme elles, l’immense plaisir de s’éloigner du bateau mais aussi de belles courbatures au dos! Elles valent la joie, cependant, mille fois, d’être seule sur un paddle à mi-chemin entre Lima et Mooréa… Ne serait-ce qu’un instant!

Un instant qui file sous la planche oui, et du temps si rafraîchissant que l’on se croirait presque passagère plus qu’équipière… 

Comme les soirs sur le trampoline et sous le firmament à profiter du vent.  Veloutées, les nuits aussi semblent sous leur voile se prélasser. Quand les toiles du ciel tissent le reflet d’une lune se déhanchant sur l’Océan, son bruissement domine même l’incessant ronronnement de notre inconscient.

Plus de moteur, ni de musique. Nos playlist pacifiques se sont tues, ‘Ombra Mai Fu’ n’est plus. Il faudrait se connecter pour s’entendre de nouveau chanter… On écoute la nuit et ses doux clapotis.

Quelques oiseaux nous accompagnent, on leur trouve avec Manu des noms qui nous ont plus.

La voix lactée s’éparpillent dans ces reflets qui scintillent, ouvrant comme un vaste chemin ambré vers l’astre se couchant. Des sons de courants qui balancent et des mouvements d’errance d’une rare beauté que nous tentons de filmer : « Tu y es… Non, tu l’as dépassé! A droite, tu t’en approches… Reviens… Alex s’est prêtée au jeu de 3 à 4 heures du matin, pour ramer dans cette lumière en chemin. Merci Bien! Tu étais, comme à ton accoutumée, un modèle éblouissant et parfait. Ce soir, on a changé d’heure, il est presque minuit, bientôt un nouveau quart pour moi et celle d’aller pour toi rejoindre Morphée et ses bras… j’échangerai volontiers ma place contre la tienne et pas pour aller dans l’eau cette fois!

J’espère que les images des quarts de nuit de cette lune qui se vide seront aussi réussies. Pour le reste, nous sommes impatients d’avoir à bord Jérémie!

En attendant, voilà de mémorables scènes venant alimenter la boîte à lumineux souvenirs. Elles éclaireront longtemps les jours plus sombres d’un autre émisphère aux vertes lumières. Ici, les nôtres, belles et bien éphémères, comme nos journées partagées s’écoulent si rapidement que la moitié de ce rêve est déjà passée. En distance du moins… Loin de toutes capitales sur la longue route, on se régale d’un rêve dont le meilleur est à venir.

Comme un cri, les messages en bouteilles des Ecoles de Charline et d’Antton sont aussi en chemin… Savez-vous combien de temps, lors de Cap Odyssée, l’écrin de verre jété à la mer par les rameuses mit à s’échouer sur une île? Avant d’être trouvé par un passionné, depuis l’Atlantique Nord qu’elles traversaient alors, il lui aura fallu 13 années!

Alors, OUI! Avant qu’il n’y ait plus de baleine qui devant nos fenêtres se promènent, comme l’évoquait hier ‘Radio Paddle’, il est urgent, de prendre le temps… et d’en donner au tant.

Merci au Capitaine pour son air chantant et constant si apaisant qui encourage aussi et nous remplit de vie quand on aimerait juste fermer encore un peu les yeux et dans ce velouté se délasser juste encore un instant…

PS à mes Amours, pas de connexion audio ces jours prochains mais vos voix ne me quittent pas

Luce – Membre de l’équipage

Aidez-nous à faire vivre le programme au profit des Super Optimist

Faites un don en achetant les kilomètres de l’expédition !

1 Km = 100 euros *

ou dons libres !

Pour exemple : en donnant 100* euros mon don se répartit de la façon suivante : 

*60 € dédiés au programme Super Optimist (enfants malades) et programmes pédagogiques de prévention sport santé dans les écoles + 40 € dédiés à l’expédition sportive, médicale et scientifique.